Il est frappant de voir en Tunisie le nombre de chiens et chats errants, majoritairement en milieu urbain ; en milieu rural, les animaux n’ont certes qu’une place « utilitaire » (chiens pour la garde en général attachés ou chiens gardiens de troupeau plus chanceux car libres ; chats chasseurs de souris) et reçoivent une maigre pitance et aucuns soins.
La « culture » de l’animal de compagnie est un phénomène relativement moderne et mis à part une minorité de gens qui accordent amour, soins et attention à leur animal (et éprouvent de la compassion pour les autres), la majorité de la population n’éprouve qu’indifférence ou rejet. L’attitude négative envers les chiens s’explique en partie par des croyances religieuses : un chien dans une maison fait fuir les anges qui y habitent ! Pour les chats qui ont une image positive dans l’islam, les gens trouvent des prétextes comme la phobie des poils (croyance en des risques pour la santé des humains).
Dans cette majorité, ceux qui possèdent un animal, chat ou chien, n’accordent aucune importance à son bien-être (chiens à l’attache sur la terrasse sans abri en hiver comme en été, maigre pitance, absence de déparasitage…). De manière générale, les dépenses vétérinaires ne sont absolument pas envisagées (que ce soit en cas de maladie ou pour stériliser/castrer ses animaux). Quand un chien de maison n’est pas à l’attache, règne au contraire et par pure négligence et insouciance, la pratique du portail ouvert et du chien livré à lui-même dans la rue.
Les abandons sont généralement causés par le caractère inconstant des propriétaires chez qui la notion de responsabilité vis à vis de son animal est absente et chats et chiens sont jetés à la rue sous divers prétextes (ou même aucun !!) : allergies, poils qui tombent, charge financière, déménagement, mais l’abandon le plus banal est celui de chattes ou chiennes avec leur portée, ou gestantes… Souvent, c’est aussi parce que, dans une même famille, des parents imposent à leurs enfants de se débarrasser de leur animal, et cela arrive aussi entre époux !
Contrairement à certains autres pays où l’abandon d’un animal est passible de poursuites pénales, il n’existe en Tunisie aucune loi à ce sujet.
A la base, chats et chiens sont confrontés à la même misère, faim, soif, froid, chaleur, gestes de rejet, de dégoût et de mépris de la part de beaucoup de gens et au risque quotidien d’être percutés par des véhicules conduits par des automobilistes dénués de toute empathie, avec pour conséquences des blessures, une paralysie ou la mort.
Les autres menaces qui pèsent sur eux diffèrent.
Pour les chats vivant dans les quartiers, ils risquent l’empoisonnement par des habitants (la mort-aux-rats est la « solution » courante) ; quant aux chatons jetés tout petits à la rue ou dans des marchés, ils sont victimes de la faim, de la séparation précoce d’avec leur mère, de maladies (notamment un virus touchant les yeux qui faute de soins entraine la cécité)…
Pour les chiens, le danger vient des abattages ordonnés par les municipalités dans diverses villes du pays, et surtout dans Tunis et sa périphérie, souvent suite à des plaintes de résidents de quartiers où vivent en groupe des chiens errants.
Cette « méthode » est pratiquée depuis des décennies au motif de lutter contre le danger de la rage et de réguler la population de chiens errants. Elle a depuis longtemps fait la preuve de son échec ! et de sa cruauté ! La police municipale laisse derrière elle des cadavres de chiens mais aussi des blessés graves baignant dans leur sang, des paralysés…
Les refuges en Tunisie sont rares ; ils sont, pour la plupart, de capacité d’accueil modeste et tous sont pleins. En parallèle, on a observé à travers le réseau social le développement au cours des dix dernières années d’une sensibilité envers les animaux de la rue, et des initiatives de particuliers pour effectuer des sauvetages d’animaux errants, puis de leur trouver des adoptions, après les avoir si besoin est fait bénéficier de soins vétérinaires.
Il est clair que si un certain nombre d’errants ont pu trouver un toit, un nombre immense n’a pas encore cette chance !
Les animaux abandonnés qui sont ramenés au Dr Mansour arrivent souvent dans un mauvais état de santé, dénutris, assoiffés et souffrant de maladies diverses, quand ils ne sont pas accidentés ou (pour les chiens) victimes des balles de la police municipale, ou (pour les chats) victimes d’empoisonnement.
Le Dr Mansour garde ses protégés jusqu’à ce qu’une famille soit trouvée pour eux. Ils ont parfois des handicaps ou des traitements de longue durée. Certains animaux sont là depuis des mois et dans certains cas plusieurs années. Et leur accueil au refuge entraîne donc des charges conséquentes (nourriture, entretien, vaccination, soins…) qu’elle se voit assumer seule si elle ne trouve pas d’aide extérieure de particuliers.
Parrainer un animal du refuge, c’est apporter sa contribution à son entretien !
L’option de l’adoption en Tunisie n’est pas idéale, étant donné le contexte général : impopularité des animaux, faible taux de demandes, et surtout le peu de fiabilité des candidats adoptants. La pré-visite est systématiquement refusée (l’idée d’entrer dans le foyer des gens pour en vérifier l’état et l’accueil prévu pour l’animal est une démarche intrusive pas toujours comprise). De ce fait, la mauvaise connaissance des besoins particuliers d’un chien ou d’un chat entraîne parfois le retour de l’animal au refuge par son « adoptant », imposant ainsi un second abandon à l’animal !
Une adoption à l’étranger, dont la procédure se déroule selon des règles respectées de part et d’autre (mise en conformité de l’animal pour répondre aux conditions réglementaires d’entrée sur le territoire d’un pays européen d’un côté, et pré-visite et frais d’adoption de l’autre) est donc la solution idéale !
Les animaux du refuge bénéficient durant leur séjour d’un suivi vétérinaire de qualité par le Dr Mansour, d’une bonne nourriture et de bonnes conditions d’hygiène.
Et il faut bien se dire qu’à chaque fois qu’un chat ou un chien est adopté, cela laisse une place au refuge pour en accueillir un autre, le sortir de la rue, le sortir de sa détresse !